
Premier tome de la trilogie de Hurle, Le Château de Hurle est le roman à l'origine du fameux film Le Château ambulant des studios Ghibli (2004). Comme beaucoup, j'ai vu le film d'animation bien avant de découvrir le roman, je n'avais aucune idée de son existence avant sa publication aux éditions Ynnis. Aussi avais-je peur que les images du film ne me quittent pas pendant ma lecture, peur qui s'est très rapidement envolée tant les personnalités des personnages et les intrigues diffèrent entre les deux œuvres.
Dans Le Château de Hurle, l'univers y est beaucoup plus développé, ce qui est normal pour une œuvre littéraire. Lorsqu'apparaissent pour la première fois la sorcière des Steppes et le mage Hurle, on sait d'ors et déjà qu'ils font partie de la mythologie du monde dans lequel l'histoire se déroule, la contrée d'Ingarie. C'est là, dans un environnement riche en magie, que se déroulent les aventures de Sophie Chapelier.
Suite à un puissant sortilège la transformant en vieille femme, Sophie se condamne à fuir sa famille et la vie tranquille qu'elle a toujours mené jusque là. En grimpant dans les hauteurs des collines environnantes, elle tombe sur un mystérieux château ambulant, la demeure du tristement célèbre mage Hurle, un puissant sorcier réputé pour sa cruauté et pour avoir volé le cœur de nombreuses jeunes femmes. Bien décidée à trouver un moyen pour lever le maléfice, Sophie décide de braver sa peur et entre dans le château, se disant qu'étant vieille elle ne risque rien. Là, elle tombe nez-à-nez avec Calcifer, le démon lié au mage Hurle et enfermé dans une cheminée. C'est grâce à lui que le château prend vie et que le sorcier est si puissant. Mais tout comme Sophie, il est prisonnier de la magie. Il lui propose alors un pacte : si elle trouve comment libérer le démon, il l'aidera à retrouver son apparence d'origine. A peine a-t-elle donné sa parole qu'entrent le propriétaire des lieux et son apprentis, et ainsi commence le début d'une étrange aventure.

J'ai tellement aimé découvrir l'origine du Château Ambulant. Et si quelques passages m'ont fait dire "Tiens, ça c'est dans le film" ou "Aaaah, c'est drôle que cette partie ait été interprétée comme ça !", globalement j'ai eu l'impression de lire une toute nouvelle histoire. Le monde autour du château, le folklore et la personnalité des héros apparaissent véritablement plus complexes. Presque tous les personnages ont un passé et des ambitions propres. Le mage Hurle par exemple n'est pas seulement un sorcier charismatique et en manque de confiance en soi, il est généreux mais très désagréable au premier abord et a beaucoup plus de secrets et de tourmentes qu'il ne le laisse paraître. C'est lui qui a le plus contribué à m'éloigner des images que je gardais du film.
Le plus plaisant reste pour moi la découverte des "quêtes annexes", des péripéties qui apparaissent autour de l'intrigue principale, car elles sont totalement absentes du film d'animation et donne du relief et de l'âme au récit. J'ai eu cette même impression en lisant les deux premiers tomes de Kiki la petite sorcière. (J'ai prévu d'en faire un article quand j'aurai lu le dernier tome mais spoiler : c'est très bien.)
Pour les apprécier à leur juste valeur, je pense qu'il faut simplement regarder et lire Le Château Ambulant et Le Château de Hurle comme deux entités à part entière. Car si le livre est bien plus rocambolesque, le film de son côté est plus poétique. Il donne un sens différent à la malédiction de Sophie, explore d'autres symboliques et métaphores dans les représentations de la magie, et l'esthétique est, c'est la signature Ghibli, magnifique et particulièrement riche (j'ai une nette préférence pour le design du château tel qu'il est dans Le Château Ambulant).
Le film a l'air de s'arrêter aux évènements du premier tome, alors j'ai hâte de commencer le second (Le Château des Nuages) qui sera a priori une toute nouvelle aventure !
Diana Wynne Jones, La trilogie de Hurle tome 1 : Le Château de Hurle, Ynnis éditions, juin 2020, parution originale en 1986